Gilles Clément

Gilles Clément, né le 6 octobre 1943 à Argenton-sur-Creuse (Indre), est un jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain français.

Biographie

Après une formation comme ingénieur horticole (1967) et comme paysagiste (1969) à l'Institut national d'horticulture et du paysage à Angers, il enseigne depuis 1979 à l'École nationale supérieure du paysage de Versailles, en parallèle de son activité de concepteur. Il a beaucoup voyagé à travers le monde, en particulier dans l’hémisphère austral, où il a étudié la flore des milieux soumis à un climat méditerranéen.

En 1977, il s'installe à Crozant, dans la Creuse ; il a consacré en 1991 un livre, La Vallée, à son jardin-maison, caché au fond d'un vallon.

Dans un autre livre Le Salon des Berces publié en 2009, il raconte son histoire personnelle avec cette vallée, pour lui "la Vallée des Papillons". En fait la vallée de la Creuse connue au XIXe siècle comme le foyer d'une école picturale, l'École de Crozant et aujourd'hui connue sous l'appellation Vallée des Peintres entre Berry et Limousin. Lors d'un colloque à l'Abbaye de Royaumont à Asnières-sur-Oise en 2018, il a témoigné de cette histoire avec deux de ses plus anciens amis paysagistes également installés à Crozant, soulignant, que dans l'esprit d'une école de peinture pourrait s'envisager une école du paysage.

Clément, dans son jardin de Crozant, observe et expérimente : un jardin secret qu'il partage avec des proches, des étudiants, des chercheurs. Il invite alors les curieux à visiter les jardins de ses amis, Philippe Wanty et son Arboretum de la Sédelle et Christian Allaert et son Jardin Clos du Préfons à Villejoint Crozant'.

Son intervention au parc André-Citroën à Paris, inauguré en 1992, l'exposition spectaculaire sur Le Jardin planétaire dont il a été commissaire en 1999 à la Grande halle de la Villette et ses nombreux écrits, qui constituent une œuvre à la fois théorique et littéraire, l’ont rendu célèbre auprès du grand public.

En 2011-2012 il est titulaire de la Chaire annuelle de Création artistique au Collège de France, avec une Leçon inaugurale prononcée le 1er décembre 2011 sous le titre Jardins, paysage et génie naturel.

En 2017 il est lauréat du Prix Books and Seeds de la Foire internationale du livre jeunesse de Bologne, pour l'ouvrage Un grand jardin qu'il a écrit, illustré par Vincent Gravé. En 2018 il est l'invité de l'Abbaye de Royaumont dans le Val-d'Oise. Avec ses amis jardiniers, Philippe Wanty et Christian Allaert, ils racontent leur histoire d'amitié longue de 40 ans, née dans cette vallée inspirante de nature. www.valleedespeintres.com

Il est un des membres du conseil d'administration de l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles.

Les grands traits de sa pensée

Gilles Clément est l'auteur de plusieurs concepts qui ont marqué les acteurs du paysage de la fin du XXe siècle ou le début de ce XXIe siècle, dont notamment :

Ces concepts découlent de l'observation qu'un paysage naturel n’est jamais figé, que les espèces et les gènes doivent circuler.

Au lieu de cantonner les plantes dans un lieu précis afin d'organiser une création, le jardinier peut et doit, selon Gilles Clément, faire plus confiance à la nature et accepter de lui laisser le « champ libre » ; les plantes pour partie à la suite du hasard des chutes de graines et pour partie selon les préférences pédologiques et phytosociologiques pourront ainsi trouver les lieux qui leur conviennent le mieux.

Ainsi voit-on les « plantations » des jardins devenus jardins naturels se « redessiner » au long de la succession des saisons et des années, comme dans le tiers-paysage, ces délaissés où la flore et la faune s'organisent selon des lois qui ne sont ni celles du jardinier, ni celles de l'agriculteur, du sylviculteur ou du paysagiste traditionnel. Le jardin de G. Clément présente un aspect qui au même endroit changera imprévisiblement demain, à la prochaine floraison et saison.

Clément est aussi favorable au « métissage » des espèces, qu'il appelle plutôt « brassage », et qui s'est tissé au fil des âges. D'où cette idée de jardins et de forêts planétaires qu'il cultive en protecteur, considérant avec une même bienveillance les « herbes folles » qui tentent de pousser sur les pavés des villes et les essences les plus rares plantées dans les jardins de prestige.

Il intègre la globalisation du monde actuel par la « planétarisation » de la terre comme jardin, c'est-à-dire comme lieu de vie : « Je voudrais montrer la diversité extrême de ce qui existe sur la planète ».

Le jardinier engagé

Déçu par l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence et estimant que ce choix ne permettrait pas le nécessaire sursaut écologique de la politique française, Gilles Clément a décidé alors d'annuler tous ses contrats avec l'État français et de se consacrer à des « projets de résistance ». Il indique toutefois que cette position n'est pas définitive.

Il est aussi engagé en politique. Pour les élections régionales françaises de 2010 en Limousin, il est en 9e position (non éligible) sur la liste départementale en Creuse d'Europe Écologie. Dans le cadre de la primaire écologiste de 2016, il apporte son soutien à Michèle Rivasi. Il invite ensuite les écologistes à s'unir aux projets portés par Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, qu'il estime être les seuls à proposer des « mesures susceptibles de maintenir et améliorer les conditions de vie qui sont les nôtres et cela concerne tant les humains que le vivant non humain ». Il condamne vivement les propositions portées par François Fillon et Marine Le Pen.

Il parraine la licence professionnelle « Aménagements paysagers et design des milieux anthropisés », ouverte à la rentrée 2017 à Limoges, fruit d'une collaboration entre le lycée agricole des Vaseix, la Faculté de lettres et sciences humaines de l'université de Limoges, le lycée de l'horticulture et du paysage de Murat à Voussac et la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment.

Prix et distinctions

Principales réalisations

Ouvrages

Préfaces

Documentaire